regardez les photos dans l'ordre, elles sont étalées sur environ 2 heures. c'est vraiment un origami qu'on déplierait lentement, l'origami d'un colibri. remarquez sur la 67, l'aile qui s'écarte et dévoile le point noir sur le côté du cou. c'est un ocelle, comme le gros oeil d'un animal, bien rond comme celui d'un colibri.
sinon les autres pièces sont identiques aux pièces des autres espèces de Gongora. sur la 10 apparait la colonne avec sa drôle de tête de mante religieuse qui contient les pollinies.
comparons ces deux fleurs, porpax et gongora. attention, ça décoiffe.
porpax comme la plupart des orchidées a des fleurs résupinées et gongora à des fleurs non résupinées !!! résupiner pour une fleur c'est que le bouton se tourne de 180 ° en vrillant son ovaire (la queue de la fleur), ce qui place le labelle, pétale central de la fleur, en bas pour l'atterrissage des insectes pollinisateurs. Gongora, non. il n'y a pas de piste d’atterrissage. peut on en déduire qu'elle se fiche totalement d’attirer les insectes et en plus cet oeil rond qui a l'air de vous suivre du regard quand on volette autour ... pas bon pour les mouches. le pollinisateur n'a pas besoin d'atterrir, il est capable de faire du vol stationnaire. ce serait pas un colibri des fois ?
ceci étant bien établi on peut donner un nom à chaque pièce de la fleur : le sépale central de porpax se dresse sur le dessus, chez gongora c'est ce qui figure la queue avec la colonne soudée sur plusieurs cm à la base.
les sépales latéraux de porpax sont cachés derrière le labelle, chez gongora les sépales latéraux figurent les ailes de colibri. dans tous les cas les trois sépales sont soudés pour faire le bouton, toutes les autres pièces sont bien protégées à l'intérieur. sur la 106 on voit bien les sépales latéraux qui s'écartent pour laisser sortir le labelle. au début c'est la soudure qui cède et tout d'un coup ils s'écartent, comme un point de colle qui libérerait un ressort.
la colonne de porpax est emmitouflée dans un chaperon vert pâle qui sont des plis de la base de la colonne, chez gongora on dirait deux petites pattes repliées, très effilées, ce sont les deux pétales latéraux, soudés sur la base de la colonne. à la fin de la floraison on va voir à quoi ça sert. la colonne chez les orchidées, c'est ce qui définit la famille, est l'organe de reproduction qui regroupe les fonctions mâles et femelles en une seule pièce. on verra ça de plus près une autre fois. impossible de photographier ça sans léser la fleur. chez porpax les pétales latéraux sont longs, étroits et gracieusement sinueux.
le pétale central ou labelle de porpax est large, étalé, velouté, d'un rouge bordeaux rehaussé de vert pâle (pour le contraste) il porte deux callosités en forme de billes avec une troisième centrale. cette photo n'est pas à montrer aux jeunes filles. ce sont des callosités (callus) qui ont une utilité pour conduire l'insecte vers les pollinies. chez gongora le labelle est cette extraordinaire pièce blanche, ocellée, pointue comme un bec, munie de deux moustaches dont nous verrons l'usage à la fin de floraison. c'est pas des callosités !!! tout le labelle est une callosité complexe. sur la 218 on voit bien l'excroissance blanche qui barre cet œil, quand on croise cette fleur l'excroissance cache une partie de l'ocelle plus ou moins et ça donne carrément un regard vivant.
3 sépales, 3 pétales, une colonne voilà les pièces qui caractérisent les orchidées mais ce n'est pas toujours facile de les repérer, certaines trichent elles ont des sépales soudés en une pièce comme Paphiopedilum.