J'ai réalisé mardi que je n'ai jamais parlé de ma serre, mon jardin secret, et du coup, quand j'en parlais avec Columnea, elle ne pouvait pas comprendre...
Quand nous avons visité fin 2014, la maison que nous avons acheté, j'ai de suite remarqué, cachés derrière des haies, ces cabanes le long du mur de clôture. Plus tard, l'ancien propriétaire nous a explique que, au dessus d’anciennes cuves où étaient mis les mous de vendanges et les résidus de distillations, on avait, par la suite construit une cage pour les cailles et un grand poulailler.
De suite, j'ai compris qu'à la place de ces ruines, je pourrais construire la serre de mes rêves !
C'est en mars 2016 que j'ai commencé à mettre en œuvre mon projet :
Les fortes chutes de neiges de l'hiver 2017/2018 et des fuites d'eau au niveau de la toiture ont mis à mal la charpente que j'avais prévue trop légère.
J'ai donc décidé de tout reprendre.
Les travaux ont duré 6 mois, car la serre était pleine, et les plantes étant en pleine terre, j'ai essayé de les déplacer et perturber le moins possible.
Pendant quelques semaines, les plantes en godets et en pots ont trouvé refuge dans le garage de la maison.
J'ai donc construit la nouvelle serre par dessus l'ancienne.
La serre fait 13 mètres de long au total, par 3 ou 4 mètres de large selon les endroits. J'ai conservé une construction en béton qui était des anciens toilettes de jardin, reliés au tout à l'égout, mais qui avaient le défaut de devoir être changés après chaque hiver en raison des dégâts dus au gel. C'est une serre adossée contre le mur de clôture en béton qui date du début du XXème siècle.
Tout le toit est en polycarbonate triple épaisseur de 16 millimètres, j'ai obturé les extrémités des plaques pour que l'air soit emprisonné dans les plaques ce qui augmente considérablement leur pouvoir isolant. Les plaques sont reliées entre elles par des joints spéciaux qui permettent une étanchéité parfaite.
En été, la ventilation est assurée par une ancienne fenêtre recyclée dans la partie nurserie, par une ouverture de 4 x 1 mètres dans le jardin d'hiver. Ces ouvertures sont pilotées automatiquement dans des vérins remplis d'une huile sensible à la température. Je les ai réglées pour qu'elle s'ouvrent quand la température dépasse 25°C.
On entre dans la nurserie, que j'ai pensée comme un laboratoire. Elle est entièrement isolée avec du polystyrène extrudé, et doublée avec de l'OBS (panneaux de bois de particules agglomérés) recouvert d'une généreuse couche de peinture glycéro blanche. Le sol est également peint pour faciliter le nettoyage.
Un fois remplie c'est comme ça dans la nurserie :
Derrière la pendule, c'est l'armoire à semis, toujours à 25°C, chauffée par un câble chauffant, où j'ai aussi quelques bacs de boutures. Sur les étagères court un câble chauffant que je peux utiliser par très grand froid.
Quand il fait -10°C dehors, j'ai 18°C dans la nurserie grace à l'un des trois radiateurs à accumulation.
Sous la terrasse il y a une cuve, assez grande, où autrefois étaient stockés les mous de raisin. Je pense qu'elle a dû servir un temps de fosse sceptique, aujourd'hui, elle est envasée sur plus de 50 centimètre et je n'ai pas encore eu le courage de descendre la nettoyer pour l'utiliser...
J'ai recyclé les anciens WC en local technique, avec toute l'installation électrique en 6 volts alimentée par des panneaux solaires, tous les automates sont gérés ici : arrosage automatique du mur végétal, ventilation, fog system, distributeur d'engrais, éclairage d'appoint pour les plantules et les semis...
Puis on accède au jardin d'hiver par une terrasse
Autrefois, je mettais un rideau de voile isolant entre ces deux parties, mais à présent, je laisse circuler l'air.
Sous la terrasse, il y a une cuve en béton d'un peu plus d'un mètre cube que j'ai remplie de bouteilles en verre, remplie d'eau. Un ventilateur d'ordinateur en 6 volts aspire la chaleur sous le toit et l'envoie chauffer ces bouteilles, la nuit, cette caleur se diffuse à nouveau. Le ventilateur tourne sans cesse.
C'est ici que j'ai mon diffuseur d'engrais directement relié au fog system par un venturi. En hiver, je le pilote manuellement, une fois par jour, en été, cela fonctionne automatiquement toutes les heures de 10 à 20 heures.
L'engrais : 1/3 purin d'ortie, 1/3 purin de consoude et 1/3 de pipi.
L'ensemble de la serre est chauffée par 3 radiateurs à accumulation de 600 watts chacun, et quand il fait moins de 5°C, j'allume en supplément un poêle à pétrole que je place au milieu du jardin d'hivers.
Du côté du mur en béton, l'isolation est assurée par du polystyrène extrudé, mis de façon bien hermétique, et doublé par de l'OBS, peint en noir pour accumuler la chaleur quand le mur n'est pas végétalisé.
Les parties non vitrées des murs sont en bois, isolées avec du polystyrène extrudé, doublées en OBS.
Le jardin d'hiver est 1 mètre en dessous du niveau du sol, ce qui permet de gagner de la hauteur sous plafond, mais aussi d'avoir une plus grande inertie thermique.
Cela fait donc 30 mètres cubes de terre que j'ai dû enlever (trier la bonne terre, évacuer la mauvaise).
Un mur végétal couvre toute la cloison adossée. Je cultive beaucoup de plantes dans des paniers suspendus en fibre de coco (achetés chez le chinois).
Je récupère dans la serre une partie de l'eau de pluie, ce qui me permet d'avoir de l'eau non calcaire à température ambiante.
Cette partie a été replantée fin septembre, début octobre, juste avant de partir à Rochefort pour les 30 ans de l'AFABEGO. Au retour, j'ai construit un grand terrarium, sur les 4 mètres de la largeur de la serre.
Dans ce grand terrarium, un petit terrarium pour les multiplication et la conservation des plus délicates espèces.
Un éclairage d'appoint permet de compenser la manque de lumière en hiver, ne pas oublier que sous les tropiques, à 1/4 d'heure près, le jour se lève à 6 heure et la nuit tombe vers 18 heures. Donc, dès que la luminosité est insuffisante, la lumière est allumée depuis 6 heures, et s’éteint entre 18:30 et 19 heures.
Même sous la neige, les plantes ont leur part de "soleil"...